La vision du handicap par Olivier Bieber, Directeur du programme RSE à la Société Générale

Olivier Bieber – Directeur du programme RSE chez Société Générale – CFT DDS

Olivier Bieber est chargé du déploiement du numérique responsable, du développement durable au quotidien et, pour terminer, de mettre en place un programme d’inclusion, en particulier autour du handicap. Nous revenons sur sa vision élargie du handicap ainsi que les différentes actions au sein de CFT – DDS, une business unit de Société Générale particulièrement innovante en matière de handicap.

Quelle est votre approche du handicap ?

Le handicap est forcément lié aux situations de handicap vécues et elles sont nombreuses. Au même titre que d’autres sujets (le genre, la diversité, etc… ), il ne doit pas être discriminé. En faisant cela, nous avons une approche encore plus humaine. De même, ne négligeons pas certains accidents de la vie qui pourraient avoir une incidence de façon éphémère. Si vous vous cassez une jambe au ski, c’est une situation de handicap ponctuelle. Bien sûr, nous ne parlons pas au sens administratif mais bien au sens organisationnel.

D’autre part, j’ai pu constater à quel point l’adaptation de poste peut parfois être simple car basée sur le bon sens. Par exemple, une personne diabétique peut être en situation de handicap au sens administratif mais nous pouvons organiser intelligemment et humainement son planning, son poste, etc… pour que l’impact sur sa vie quotidienne soit réduit. En lui permettant de contrôler régulièrement son taux, en pensant à planifier des pauses régulières, notamment lors des réunions, en tenant compte de sa fatigabilité, son quotidien sera plus positif. Quoi qu’il en soit, un management bienveillant profite à l’ensemble d’une équipe. La majorité des handicaps sont invisibles (Ndrl : par exemple les troubles Dys, les TDAH, troubles autistiques, etc…) et parfois non identifiés par les intéressés eux-mêmes. En ayant des automatismes simples permettant une communication simplifiée, des temps de pause, un climat positif, nous obtenons de meilleurs résultats.

Si l’entreprise met en place un système qui permet de gérer le handicap, il n’y a plus de situation de handicap. L’un de nos objectifs est d’arriver à faire prendre conscience qu’une faiblesse apparente peut être une force. La personne concernée n’est pas seule. C’est aussi à l’équipe et aux managers, de réunir toutes les conditions pour en faire une force.

Une personne qui doit se battre au quotidien pour sa santé et qui veut reprendre le travail ou simplement rester en poste, cela lui demande une énergie et une volonté énormes. Cette volonté-là, c’est une qualité. Lorsque l’on vit de telles contraintes, nous ne nous arrêtons plus aux bobos du quotidien. Nous allons beaucoup plus loin, plus vite. Nous ne gardons que l’essentiel. De notre côté, en tant qu’employeur, nous souhaitons nous appuyer sur des outils déjà existants pour les personnaliser aux besoins de chacun. Nous devons continuer notre démarche qui permet à tous les acteurs de l’entreprise, en particulier les managers, d’intégrer ces concepts.

Nous avons aussi décidé d’ouvrir le champ des possibles lors des recrutements et du maintien dans l’emploi. Une personne peut être différente. Elle peut avoir parfois des manques, ou même un peu moins d’expertise dans certains domaines par rapport au profil de poste. Mais elle a d’autres richesses. Son vécu est un plus. Il est intéressant de voir que les équipes accueillant des personnes en situation de handicap vont rechercher cette différence et cette richesse. Nous valorisons le vécu du collaborateur.

La finalité serait que nous puissions enrichir l’intelligence collective avec les différences de chacun. Nous avons plus de chance de vivre de belles histoires en osant. Tous les managers que je côtoie, et qui ont osé, me remercient, alors qu’ils n’ont pas à le faire. Mais ils me remercient de leur avoir permis d’avoir franchi le pas. Je crois que c’est important. Si on se trompe, ce n’est pas grave. Nous aurons essayé. En permettant à quelqu’un de pouvoir acquérir des compétences qu’il n’avait pas, nous écrivons de très belles histoires.

Comment arrivez-vous à faire évoluer les mentalités concernant le handicap ?

Il n’y a pas de secret, la sensibilisation au sens large est indispensable. Pour cela, nous nous appuyons sur un Mooc développé par la Mission Handicap de Société Générale mais nous avons créé nos propres outils. Nos managers ont reçu une sensibilisation leur permettant de mieux connaître les différentes formes de handicap mais aussi de faire tomber les idées reçues. Petit à petit et suite au bouche à oreille, elle s’est ouverte à l’ensemble des collaborateurs qui souhaitait également en profiter. Il était intéressant de constater l’effet positif. Nous avons même dû rajouter des sessions.

Pour toucher l’ensemble des équipes, nous avons souhaité aborder le thème du handicap de façon très ludique. Nous avons développé un Escape Game virtuel. Plus de la moitié de nos collaborateurs ont participé en l’utilisant comme un moment de cohésion d’équipe. Rapidement une dynamique s’est installée pour réaliser un meilleur temps que les autres équipes. La réussite est totale et a permis à beaucoup de se poser de nouvelles questions. Associé au Mooc et aux temps de sensibilisation, nous avons eu d’excellents retours.

Nous avons conscience que le chemin reste long mais nous constatons de vrais changements de mentalité.

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